Publié le 08 octobre 2015
Lucile Argaud – Le Télégramme
C’est une première sur le gisement de Saint-Brieuc. Pour cette nouvelle campagne de coquilles, une poignée d’armateurs des Côtes-d’Armor est autorisée à pêcher « la blanche », en plongée. Jean-François Le Levier, basé à Perros-Guirec, a œuvré pour cette avancée.
Nouvelle étape de franchie pour les patrons pêcheurs qui pratiquent la pêche en plongée dans les Côtes-d’Armor. Pour la première fois, sur le gisement de coquilles Saint-Jacques de Saint-Brieuc, le conseil du Comité départemental des pêches des Côtes-d’Armor a attribué dix licences avec option plongée, sur le contingent total (238). Le feu vert a été donné, à l’issue de deux ans d’expérimentation.
« Pendant deux ans, quatre bateaux ont été autorisés à pêcher la coquille en plongée avec un quota journalier de 200 kilos par plongeur et uniquement pendant la période d’ouverture des zones crépidulées », expose Jean-François Le Levier, patron-pêcheur plongeur, basé à Perros-Guirec, qui a beaucoup oeuvré pour l’obtention de cette autorisation. « Des prélèvements de coquilles ont été effectués par une chargée de mission du comité départemental. Elle a vérifié les tailles pêchées sur les navires et d’autres paramètres liés à la ressource. »
Le test a été validé. En juin, cinq aires de plongée ont été délimitées, en fonction des différents ports de départ, dans les zones crépidulées, proches du littoral : une vers Erquy, trois vers Saint-Quay-Portrieux et une autre, du côté de Loguivy-de-la-Mer.
Depuis le lundi 5 octobre, et ce pour une période de sept semaines, à raison de deux jours par semaine, Jean-François Le Levier, comme d’autres armateurs, peut désormais s’adonner à ce « métier » spécifique.
Ces derniers doivent respecter une réglementation très stricte : « Chaque armateur de navire peut disposer de trois plongeurs à bord, mais seulement deux d’entre eux ont le droit d’être simultanément dans l’eau », spécifie Jean-François Le Levier, président de la commission pêche en plongée au sein du comité départemental.
« Pour le reste, nos jours, nos horaires, nos quotas de pêche, le prix de notre licence, sont identiques à ceux des autres navires dragueurs. »
La pêche en plongée est-elle pour autant viable ? Oui, affirme Jean-François Le Levier, qui pratique aussi la pêche à l’ormeau depuis 1994, en compagnie de ses deux fils. « On consomme moins de carburant. Et le quota maximum de 680 kg net de coquilles Saint-Jacques est tout à fait jouable avec trois plongeurs. »
« Il va falloir que l’on fasse nos preuves, reconnaît-il. Pendant longtemps, nous avons pâti d’une mauvaise image. Nous souhaitons redorer le blason de notre métier. »
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Publié le 28 avril 2008
Le Télégramme
La pêche à l’ormeau est très réglementée. Sur nos côtes, quelques patrons pêcheurs sont autorisés à prélever le fameux gastéropode qui ne manque pas d’originalités.
La pêche à l’ormeau est très réglementée. Sur nos côtes, quelques patrons pêcheurs sont autorisés à prélever le fameux gastéropode qui ne manque pas d’originalités. Parmi eux, la famille Le Levier. Avec ses grosses lèvres verdâtres et orangées, l’ormeau n’a rien d’appétissant, au premier abord, mais c’est un mets choyé des connaisseurs. Seuls quelques privilégiés sont autorisés à le pêcher à titre professionnel sur les côtes de la Manche. Jean-François Le Levier fait partie des quatre patrons pêcheurs du comité local des pêches Paimpol-Lannion à posséder une licence. Sur son bateau, le Trégastellois est autorisé à employer trois plongeurs dont Gaël et Yoann, ses fils. « C’est le comité local des pêches qui décide des modalités de la campagne et des quotas, précise Jean-François Le Levier, licencié depuis 1994. La pêche dure du 15 septembre au 15 juin et actuellement, nous pouvons prélever 1,5 tonne d’ormeaux par plongeur le temps de la campagne. » « Le métier est relativement difficile et physique, reconnaît le patron pêcheur. Nous travaillons en moyenne cinq jours par semaine et chaque plongée dure trois à quatre heures par jour. La majorité des pêcheurs sont payés au rendement, même le patron ! »
La famille Le Levier vit donc au rythme des marées, de leurs coefficients et des conditions météorologiques. Le gastéropode, qui vit sur les plateaux rocheux, évolue à des profondeurs différentes selon la température de l’eau. Il faut parfois aller le chercher à dix-huit mètres de profondeur et d’autres fois à trois mètres. « Il cherche une certaine température qui lui évite un choc thermique, précise Jean-François Le Levier. À partir d’une eau à 16, 17ºC, l’ormeau se reproduit. Les larves, portées au gré des courants, vont se développer sur les algues. » « Depuis les tempêtes du mois de mars, l’ormeau se trouve plus difficilement, explique Gaël au retour d’une journée de pêche. J’ai dû aller le chercher aujourd’hui à douze mètres de profondeur. »
Le terrain de chasse de la famille Le Levier est immense ; il court de la pointe de Locquirec au Cap de la Mauve en baie de Saint-Brieuc. Mais les pêcheurs ont leur coin et surtout, ils font tout pour préserver la ressource. Il n’est pas question pour eux de prélever le fameux coquillage en dessous d’une taille de neuf centimètres. Cette taille requise est la garantie de sa stérilité. L’ormeau n’est pas à une originalité près. Il est aussi hémophile. « Il ne faut pas le blesser quand on le pêche », précise Jean-François Le Levier. Mais une fois qu’il est pincé, l’animal est bagué et, avant d’être mangé, il est même battu !
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